Nouvelle sur mes quatre joueurs de "table"

Dans la salle de repos, annexe de la salle de garde transformée en infirmerie de campagne, étaient disposés une dizaine de lits dont six occupés par des blessés. L’endroit était propre et bien tenu. La méticulosité avec laquelle l’endroit était traité donné lieu à l’étonnement. Tout était rangé, les meubles soigneusement cirés, les clous d’ornement parfaitement astiqués reflétant la pauvre lumière.
Un feu crépitait pour réchauffer les convalescents. Quelques râles se faisaient entendre par moment. Dans ce presque silence, une conversation naquit sur le pas de la porte.
Palton fils d’Agréim était sur son lit et tendait l’oreille pour écouter les voix dans le but de saisir le sens de cette conversation. Son genou lui lançait douloureusement malgré le lait de pavot.
Mais sa curiosité insatiable le poussa à ce contorsionner pour mieux entendre.
Il reconnut la voix du commandant et celle de son lieutenant. Le commandant était un rejeton du nobliau dirigeant la ville. N’étant pas le premier à naitre dans la couvée «noblesque » il reçut en héritage le commandement de la garde.
Il n’eut pas à se tordre plus car la conversation venue à lui. Le commandant scruta la salle et vit que Palton le regardait. Il lui fit un sourire légèrement compatissant et s’approcha.
Bonjour Palton
Mon commandant
Le lieutenant apporta une chaise et le commandant se mis à la hauteur du blessé.
Puis il engagea une conversation à voix basse.
Tu vas mieux ?
Oui mon commandant
Bien je veux que tu me racontes ce qui c’est passé à l’auberge. Réfléchis bien. Essayes de ne rien oublier.

Palton se concentra quelques secondes la peau du front légèrement plissée.
En fait mon commandant tout commença le matin. J’étais assigné à être le sergent du Capitaine Malengrain. Et comme beaucoup de matin et encore plus que d’habitude le capitaine était de mauvaise humeur. Sa jambe gauche le faisait souffrir. Noter bien, mon commandant, qu’il ne s’est pas plaint une seule fois. Mais quand il est de mauvaise humeur comme hier matin et qu’il boîte ce n’est jamais bon signe pour le restant de la journée. Je me suis habitué à le caresser dans le sens du poil, excuser moi l’expression mon commandant. Toute la journée il a houspillé les gens. C’est une vieille blessure qui lui a coûté chère. Il opina de la tête pour appuyer son propos. D’ailleurs vous connaissez l’histoire de cette blessure mon commandant ?
Oui bien sûr, qui ne connaît pas les faits d’arme du capitaine ? .
A oui c’est vrai mon commandant. (soupir). Mais bon la journée passait lentement, et il était de plus en plus méchant avec les autres. C’est avec soulagement que je voyais la journée se terminer. Evidement il m’invita à boire un coup à l’auberge du coq chantant. En général il se contentait d’être suspicieux et après quelques verres se rentrait. A ce propos il y avait toujours un truc quand il rentrait. L’auberge semblait plus calme silencieuse. Même le ménestrel Henri de Louvoie pourtant réputé pour ses chansons satyriques se contentait de jouer doucement de son instrument. Et puis ma cousine la petite Jeanne qui sert les clients avec entrain, ben la elle vole vers lui et le sert toujours en premier. Je vous laisse deviner pourquoi.
Puis à propos de ma cousine faut dire quelle est plutôt mignonne et très bien faite. Quand elle vous sourit vous lui donneriez tout. Et puis elle n’a que des prétendants mais pas d’élu ce qui pousse les célibataires à lui faire la cour. Bref je crois bien que le capitaine lui ait bien fait la sienne mais bon lui et ses principes.
Quand nous sommes entrés alors que d’habitude l’auberge à cette heure est encore calme, il y avait pas mal d’ambiance. Le ménestrel jouait avec entrain les gens semblaient encore rire d’une bonne blague ou je ne sais quoi. C’est dire, même l’entrée du capitaine ne fit pas baisser d’un ton le brouhaha.

D’habitude la meilleure table est libre comme par magie. Si si mon commandant la seule rectangulaire juste à côté du feu. Et bien là elle était occupée par quatre hommes. Enfin il y avait que du demi-elfe. Pour tout vous dire mon capitaine, il y avait du mastoc à cette table. Il y avait un gros guerrier style chevalier de l’empire. Grosse armure, double épées, il semblait aussi de mauvaise humeur ou plutôt excédé. Il y avait un autre costaud mais lui il n’avait pas grand chose sur le dos sinon des habits de forestier. Mon commandant je suis très observateur et j’ai bonne mémoire ben là vous pouvez me croire ce bonhomme il avait quelque chose de bestial. Il était plein de tic nerveux. Je ne sais pas si c’est la pleine lune qui arrivait ou quoi ben j’aurais pas aimé me retrouver en sa compagnie. Il avait des vrais battoirs comme mains et des avants bras comme mes cuisses. Il les serrait et les desserrait. Bref j’ai eu comme un petit frisson en le voyant.
A l’autre bout de la table il y avait le plus petit du groupe. Ben lui aussi sentait le bizarre mon commandant. Il était aussi nerveux que le costaud et je crois que sciemment le guerrier les a mi chacun à un bout de la table. Lui aussi il avait un tic mais c’était la tête qui bougeait sans arrêt et les yeux mon commandant des yeux qui voyait tout. Toujours en action, jamais au repos.
Puis il y avait aussi un bellâtre, ce genre de mec qui rafle les minettes dans les tavernes. Il s’était acoquiné avec le ménestrel et chantaient tous les deux une vieille chanson à boire. Ben lui aussi il était costaud. Moins que les deux autres demi-elfe mais quand même. C’était le seul qui semblait détendu. Réflexe de garde je regardais comment les types étaient armés ben encore une fois je compris à qui nous avions à faire. Bon le chevalier c’était vite vu, le monstre il ne fallait pas qu’il vous attrape, puis il avait un sac de cuir épais accroché à la chaise. Le genre de sac à contenir une arme plutôt que des habits. L’humain avait un bâton avec des plumes accrochées tout le long. Mais il était loin de lui. C’était vu sa taille un bâton de marche.
Palton se redressa un peu plus sur son oreiller prenant un air de confidence.
Par contre ce qui me choqua mon commandant c’est que le bellâtre lui aussi avait un bâton posé contre le mur mais le sien était décoré de sang séché. Le seul que j’ai vu tâché comme celui là c’est chez mon frère qui est boucher dans le quartier du bas. C’est quand il fait le boudin et qu’il tourne le sang. Ben lui il n’avait rien d’un boucher et la seule façon d’obtenir ça c’est d’avoir éclaté un crâne ou deux.

Palton se redressa en hochant de la tête pour donner de l’importance à ce détail.
Le commandant opina de la tête et lui fit signe de continuer.
Je regardais le capitaine et là je sentis qu’il y avait un truc de mauvais en route.
Finalement et au bout de plusieurs minutes ma cousine vint et pris notre commande.
Elle eut à peine un sourire aimable pour nous. Nous servit rapidement sans faire la causette et retourna vers la table des quatre. Elle s’arrêta même dans son service pour faire la minaude avec le bellâtre. Elle qui est si distante avec les clients d’habitude, se permit même de feindre une fatigue passagère pour s’asseoir sur les genoux du bellâtre.
Elle fut enfin rappelée en cuisine pour servir le repas de la fameuse tablée.
Le gros guerrier l’alpaga et fit le partage du gros tas de viande lui-même.
Il distribua les assiettes, ben croyez-moi mon commandant. J’ai rarement vu manger avec tel appétit. Les deux du bout de la table se regardaient en chien de faïence pendant qu’ils dévoraient chacun leur plat. C’était très impressionnant. Et évidemment pendant tout ce temps là ma cousine était retournée sur les genoux du monsieur pour contempler le spectacle.
Le guerrier avait l’air dépité mais mangea avec ses couverts lui. Puis le bellâtre attaqua à son tour, j’ai bien cru qu’elle allait lui donner la becté. Je sentais le capitaine bouillir sur place. Nos verres étaient depuis longtemps finis. Hors le capitaine avait l’habitude d’être tout de suite servie. Ce fut l’aubergiste qui vint nous resservir. Personnellement je restais fasciné par les quatre. Une fois repus les deux se sont détendus et ont commencé à regarder autour d’eux. Ils attendirent que les deux derniers aient fini. Ben je vous l’ai déjà dit mais je suis très observateur. Ben le petit il a mi tout ce qu’il n’avait pas gobé dans un torchon et la fichu dans son baluchon. Je vous dis que ça mon commandant ils étaient bizarres les deux. Le gros il reluquait l’assiette du chevalier alors que son assiette finie aurait nourri au bas mot deux hommes gourmands. C’est simple il accompagnait chaque fourchette du regard. A la fin il s’est encore boulotté les restes.
Entre deux services ma cousine retournait sans arrêt voir le bellâtre. Ils ont amené avec eux une ambiance particulière. Tout le monde les regardait et ça le capitaine il n’a pas supporté.
Puis le ménestrel a recommencé à chanter accompagné du bellâtre. Ce fut comme le départ de la fête. Les gens se mirent à chanter cette vieille rengaine qui parle de la femme abandonnée et qui fini dans les bras du voyageur. Très vite des gens affluèrent dans l’auberge au son des voix.
Le capitaine fut même bousculé quand l’auberge afficha complet.
Je perdis de vue nos bonhommes. A ce moment le capitaine m’envoya chercher la garde avec les deux frères Farmins : Nos meilleurs arbalétriers.
Ils arrivèrent quelques temps après avec les trois gardes normalement affectés à la patrouille.
A mon retour, nous étions sept, dont le capitaine qui était un sacré bon combattant. Personnellement je pouvais me venter d’être un bon épéiste même pour la garde. Quant aux deux frangins, ils ont souvent gagné les joutes de la fête du printemps avec leurs arbalètes.

Bref nous étions en force, d’habitude cela nous suffit pour agir en sécurité.
Le capitaine devait s’occuper du Chevalier. Henry qu’est un bon bretteur mais un peu froussard devait s’occuper du monstre. Georges et moi du bellâtre et du ménestrel au cas où.
Les deux frères se sont mis au fond de la salle cherchant un bon angle de tir. Puis le capitaine en tête nous nous sommes approchés de la tablée.
L’ambiance était à son comble et nous avons du nous frayer un chemin dans la foule.
Comme je vous l’ai dit avec la foule et depuis notre table on n’y voyait que dalle ! Dés les premiers gens passés j’ai pu voir que le ménestrel et le bellâtre faisait l’ambiance. Le monstre digérait tranquillement la chaise sur deux pieds et le dos adossé au mur.
Le chevalier participé à l’ambiance en accompagnant les cœurs une chope de bière à la main. Quant au personnage bizarre il était accoudé au bar et semblait accaparé par une conversation un peu houleuse. A peine ai-je posé mon regard sur lui qu’il m’a senti et s’est retourné. Oui mon commandant un putain de sixième sens. Il a eu un petit moment de réflexion. Il nous a comptés, j’en suis sûr. Il a même vu au fond de la salle les deux frangins. Il a poussé un petit cris qui a percé dans le brouhaha ambiant.
Ca eu pour effet de sortit le monstre de sa torpeur. Il a ouvert l’œil comme un chien de garde. Tout de suite au aguets. Le chevalier a doucement posé sa chope en fixant le capitaine qui le dévisagé. Le seul qui continuait à chanter était le bellâtre. Mais je vous l’ai déjà dis mon capitaine je suis observateur. Ben le temps d’un regard vers le comptoir pour voir le bizarre se renfrogner. J’ai vu l’intensité de son regard s ‘affaiblir. Il a pratiquement fermé les yeux, tout en marmonnant. Ca n’a pas prit qu’un pas ou deux, ben le bellâtre il avait déjà son bâton à porté de main.

Le capitaine il s’est approché du bellâtre et du ménestrel. Il a regardé le ménestrel qui s’est arrêté de jouer. On a tous sentis la tension monter d’un coût et le silence gêné c’est imposé.
- Vous deux vous êtes en état d’arrestation pour incitation au désordre public.
Le Louvoie ben il a perdu de sa contenance parce que le capitaine l’a déjà fortement molesté.
Mais l’autre il lui a souri de toutes ses dents et lui a dit.
Ben je ne crois pas trop Sergent car à première vu personne n’est soûl. Ceux sont de vieilles chansons connues de tous depuis fort longtemps et cette auberge avait besoin d’un peu d’ambiance pour attirer le client.
Premièrement c’est capitaine et vous aller me suivre au poste sans broncher ou ça va mal aller.
Excuser l’erreur pour le grade mais un capitaine aurait demandé un peu plus de calme avant d’arrêter quelqu’un. Tandis qu’un sergent n’aurait pas réfléchit et aurait agit comme vous venez de le faire.
La le capitaine il a vu rouge parce que l’autre il avait toujours le sourire aux lèvres.
Dernier avertissement
Mais êtes vous sur capitaine pour la gêne, parce que là je ne crois pas trop que nous aillons mis l’ambiance comme il se doit. Je peux faire mieux.
Le capitaine il s’est reculé pour sortir son arme. On a tous dégainés.
Le monstre a remis sa chaise droite. Le bizarre que je surveillais d’un œil il continuait a parlé tout seul. Le bellâtre avait toujours le sourire aux lèvres.
Le chevalier s’est doucement levé et a dit d’une voix qui sentait le juron.
Par la déesse.
La façon dont il a dit ça, c’était d’une menace. Une promesse de douleur.
Capitaine avec tout le respect que je dois à votre grade et fonction, il y a abus de pouvoir.
Vous êtes dans une ville libre, pas dans votre putain d’empire. Elle possède ses propres lois et je les fait appliquer.
Le ton du capitaine était franchement lourd et aussi menaçant
Etes vous sûr qu’il soit interdit de chanter dans une auberge des chansons à boire.
Au tant vous dire mon commandant que ni l’un ni l’autre aura baisser le regard.
Le capitaine avait l’avantage d’avoir son arme tiré et une simple chemise de maille.
Le chevalier lui avait encore ses épées au fourreau et une lourde armure de plate.
Le capitaine à voulu conservé son avantage et a chargé.
Ensuite je ne sais pas trop mais les trois ont réagit trop vite pour des êtres normaux.
Le monstre a renversé la table comme j’aurai renversé une chaise. Ce qui a permis au chevalier de sortir ses armes. Ensuite le monstre il a foncé dans la foule. Certains clients sentant la bagarre avaient commencé à déserter l’endroit en laissant la porte ouverte. C’est par-là qu’est rentré le volatile qui s’est précipité vers l’un des frangins qui s’est mis à hurler comme un damné.
Son frère ben à mon avis il a voulu l’aider.
Pour en revenir à nous le capitaine il est arrivé pile poil au contact avec le chevalier qui sortait ses lames. Le bellâtre ont s’est mis à deux dessus. Il a roulé de partout parmi les gens et les chaises avec une facilité qui l’a éloigné du capitaine. Puis ensuite il s’est occupé de nous mon commandant. Ca était très vite. Il a profité de l’allonge de son bâton pour faire tomber Georges l’autre garde. Puis il l’a roulé de nouveau pour s’éloigner de moi et enfin s’est retourné pour s’occuper de moi qui lui courait après. J’ai essayé de le frapper d’un coup d’estoc mais il a feinté me laissant sans défense contre son attaque. Il s’est collé à moi et m’a fait tomber comme Georges cul par-dessus tête. Peux pas dire que la chute m’ait fait mal c’est le coup de bâton qui a suivit qui m’a estropié comme vous pouvez le voir.

On n'a rien pu faire. Quand au capitaine avec tout le respect que le lui doit, il n’était pas de taille.
Les gens m’ont raconté qu’il a eu beau feinter dans tout les sens sortir sa plus belle science du combat. Il n’a rien pu faire. Le chevalier avait une technique moins prononcée au dire des spectateurs mais ses coups ont fait reculer le capitaine. Trop vite, trop fort trop puissant.
Il a peine touché comme si ses coups avaient été freinés par la main d’un fantôme.
Il y avait aussi Henri avec nous qui est maintenant au cachot. Ben lui il restait tétanisé parce quand le monstre lui a foncé dessus il s’est fait dessus. Pourtant il l’a ignoré se précipitant vers les deux frères.
Je peux maintenant le comprendre. Allez voir les deux frangins ils sont dans un état pitoyable. Le monstre il les a pliés en deux. Ma cousine Jeanne elle m’a dit en avoir vu un se fracasser la tête sur le comptoir. Il avait toujours son arbalète à la main. Quand à l’autre il a eu de la chance de ne pas avoir les yeux crevé par la harpie qui l’a agressé. Enfin bon il a perdu l’usage d’un de ses bras. Le monstre lui a tellement tordu que l’os sortait du coude.
Georges il est dans le lit d’à côté avec le gros bandage sur la tête.
Quand au capitaine même acculé il a refusé de se rendre alors le chevalier lui a enfoncé une de ses lames sur le côté. La côte de maille n’a rien arrêté. L’infirmier m’a dit que la lame était rentrée jusqu’au cœur.
Ensuite les gens sont venus témoigner qu’ils ont quitté tranquillement la ville. Le chevalier était très en colère après le capitaine. Il l’a traité de pas mal de nom d’oiseau. Malgré le bordel dans l’auberge le type bizarre avec l’aide du monstre ils ont pillé les cuisines.
Mais l’aubergiste il n’a rien dit car le chevalier il a tout payé et a même insisté pour payer les dégâts de la bataille.
Notez qu’ils n’étaient pas sanguinaires ils n’ont rien fait au Henry. Ils lui ont demandé de s’asseoir à une table et de ne pas bouger. A nous non plus ils n'ont rien fait de plus. Ils auraient pu faire un exemple mais non ils nous ont ignorés.
Le garde de faction à la porte il n’a rien demandé de plus et les a laissé sortir de la ville.
Un silence s’en suivi le commandant acquiescent de la tête.
Alors mon comandant vous allez les poursuivre.
Non Palton, non. Ils sont loin maintenant et toujours dangereux.
Et à entendre les différents témoignages le capitaine n’aurait jamais du intervenir de cette façon.
Le commandant salua Palton fit le tour des blessés avec l’infirmier et sorti de la pièce.
Palton se demanda alors s’il avait ses chances d’être nommé capitaine.